25 curiosités géologiques jusqu'à l'arche naturelle de la Plaine des Sables

Difficulté
Moyen
Indice de confiance Bon
1-Excellent: Toujours correct : j'y vais sans réfléchir, même seul.

2-Bon: Petite vérification avant de partir. Mini-problème possible sans danger : j'y vais aussi sans réfléchir, même seul.

3-Moyen: Quelques fermetures récentes, climat incertain de la région. Boue, herbes hautes et mouillées, glissades possibles, etc. J'étudie, je me renseigne avant le départ, mais j'y vais.

4-Faible: Souvent fermé, des critiques fréquentes, une végétation non domestiquée. Dangers possibles. Coupe-coupe ou corde dans le sac. À réserver aux initiés. Enfants à la maison. Ne jamais partir seul.

5-Danger/Médiocre: Trop de problèmes partout : végétation invasive, fermeture officielle, difficulté importante, sentier marron difficilement réhabilitable, éboulis, zone infrachissable, guide nécessaire, privatisation d'un passage, etc. À réserver aux aventuriers ou habitués de la découverte très sportive. Il y a d'autres circuits à effectuer avant. Je n'y vais pas.
Durée 5h30
Distance 13.7 km
Type de trajet
Altitude haute-basse 2354 - 2242 m
Dénivelé positif 200 m
Dernière mise à jour 26/06/2025

Randonnée pédagogique

Sur une idée de Loïc, voici proposées 25 curiosités de la Plaine des Sables qui pourront intéresser les amateurs de géologie. Pour les explications techniques ou scientifiques, se référer aux ouvrages parus tel que "Le Piton de la Fournaise, de la contemplation à la compréhension" de la Cité du Volcan ou cliquer sur les icônes rubis présentes sur la carte ci-dessous avec les explications scientifiques de Laurent Michon.

La Plaine des Sables recèle de multiples curiosités qui ont été, pour la plupart, décrites dans d'autres randonnées traversant cette zone située entre le Pas des Sables, la Fournaise et Grand Pays. Cette randonnée propose donc un nouveau circuit assez tortueux pour les atteindre. Les amateurs tenteront de toutes les découvrir en suivant assez fidèlement la trace proposée. En passant ailleurs, on peut également en découvrir d'autres sans avoir à chercher. La marche est toujours facile, sans végétation ou presque sur 10 km. Les 3 autres kilomètres remontent vers le petit piton interne au cratère du Piton du Cirque aussi appelé Piton Haûy. La pente n'y est jamais importante et l'on peut marcher partout sans jamais piétiner une plante, à condition de prendre soin de contourner les obstacles végétaux et minéraux. Cette montée de 100 m sera la seule difficulté de la boucle qui peut se raccourcir si les petits cratères ont déjà été visités. L'arche naturelle issue d'une coulée se rejoint également en traversant un champ de laves mêlées à du sable. Là aussi, il faudra slalomer entre les blocs pour éviter de se faire mal aux chevilles.

La randonnée débute à la naissance de la Plaine des Sables, à la fin des lacets de la route. Partir plein nord en se rapprochant du Rempart des Sables. Durant l'hiver austral, il est fréquent de commencer à marcher sur le givre qui craque sous le pied avant de fondre très vite aux premiers rayons du soleil (Photo 1). C'est différent avec la glace sur les flaques des ravines ou les cristaux qui soulèvent parfois très haut le sable et les lapilli. Par temps de brouillard, il est également possible d'observer un arc blanc si l'on est situé entre le soleil levant et la brume (Photo 2). La végétation est soit totalement inexistante sur 80% de la plaine, soit se partage entre fétuques, jeunes branles verts ou squelettes d'arbustes morts (Photo 3). En passant au plus près du pied du Rempart des Sables, on traverse à plusieurs reprises des champs de blocs de basalte tombés du haut des falaises encore instables (Photo 4). La plus grande partie de la boucle s'effectue sur un sol très souvent plat sans végétation ou presque (Photo 5). Au passage, repérer le dyke discret dépassant du rempart (Photo 6). Il est loin d'être le plus remarquable de l'île. On rencontre de plus en plus le lit de la Ravine du Piton Rond au fond sableux ou basaltique avant qu'elle se précipite vers le Fond de la Rivière de l'Est. Les laves rencontrées sont très variées. On aura l'occasion, tout au long de la boucle de les voir toutes (Photo 7). Tout près, on distingue quelques orgues basaltiques organisées par couches successives, séparées par des épaisseurs variées de gratons (Photo 8). La ravine devient de plus en plus nette en s'approchant du vide. Sur la rive gauche, un rocher caractéristique esseulé indique l'emplacement de la grotte sous la falaise. Il faut traverser une dizaine de mètres de branles et fleurs jaunes pour rejoindre ce coin de bivouac. Le foyer en pierres est toujours là mais l'endroit semble désormais délaissé (Photo 9). Rejoindre la ravine et atteindre le cassé de la Rivière de l'Est pour de magnifiques vues en direction de la Savane Cimetière et le Fond de la Rivière de l'Est. Attention car la bordure est friable comme le montrent les roches tombées dans le vide (Photo 10). Longer le cassé afin de mieux profiter du Rempart des Basaltes où l'on distingue très bien les couches alternées de basalte et de gratons. Les couches sont apparues après l'effondrement créant la Plaine des Sables il y a 65 000 ans (Photo 11). La partie "aventure" débute au cassé en partant vers l'est. Marcher en direction d'un haut monticule d'une dizaine de mètres très facile à escalader (Photo 12). 15 minutes plus tard, on arrive à de nouveaux blocs qui, comme les gendarmes, ont été poussés par les laves descendant du Piton du Cirque (Photo 13). Du cassé jusqu'au cratère central, la marche se fait à l'instinct sans jamais piétiner une plante, quitte à effectuer des détours de quelques mètres pour les éviter (Photo 14). Après 40 minutes à grimper entre parties sableuses de ravines en formation, affleurements de lave, de gratons, de plantes, on arrive à un ancien cratère qui se remarque à son pourtour de roches empilées. Le centre, désormais ensablé, accueille quelques jeunes branles (Photo 15). En regardant plein sud, on remarque à peine le prochain cratère qui est un des plus originaux de la zone. Ce petit cratère, au centre du plus grand du Piton du Cirque (également nommé Piton Haüy), est plus beau vu du sommet alors que l'on arrive du bas. Après avoir suivi une large bande sableuse, on passe d'abord près d'une longue grotte (Photo 16). Remonter la forte pente glissante pour parvenir sur le bord circulaire du cratère. En faire le tour pour mieux l'apprécier (Photo 17). Repartir à l'ouest et viser une ravine bien nette facile à suivre. Sur le bord, des grottes ont été creusées par l'érosion qui a ôté le sable sous de larges plaques de basalte (Photo 16). On parvient à une concentration de gros blocs à l'emplacement d'une très ancienne éruption. Rejoindre le sentier Josémont Lauret puis poursuivre en direction du col entre le Piton du Cirque et le Demi-Piton. L'endroit se nomme la Griffe du Diable mais aucun monolithe ressemblant à une griffe ne peut y être décelé. Il faut remonter les 20 premiers mètres de la pente du Demi-Piton pour mieux comprendre. Les flancs du Piton du Cirque sont déchirés comme par une monstrueuse patte de dinosaure (Photo 18). Rejoindre ensuite la RF5, la traverser et se diriger vers le piton de scories impossible à manquer à sa couleur rouge. Il a servi de carrière à la fabrication de la route aux 100 000 nids de poules. Remarquer sur la droite un magnifique spot de cendres de Bellecombe dont les strates affichent bien les différentes éruptions explosives (Photo 19). Ce qui reste du piton de scories abandonné par les bulldozers est bien tentant tout près. Son ascension est très facile en repartant sur la gauche et en redescendant par la droite (Photo 20). Quitter le tas de scories puis prendre la direction du Demi-Piton en foulant à nouveau les 4 ha de cendres de Bellecombe pas toujours visibles si recouvertes de lapilli. Contourner le Demi-Piton et obliquer vers les Gendarmes qui sont faciles à repérer car ils dépassent de la plaine vers l'ouest. Les blocs, démantelés du Piton Chisny au XVIe siècle et entraînés vers le bas par les coulées des Cratères Gueules Rouges (Aubert de la Rüe) trônent désormais près de la RF (Photo 21). Traverser la route et contourner cette fois le Piton Chisny par la droite. Entre les flancs du piton et le sentier de Cap Blanc, le sol est jonché de roches de toutes formes et toutes tailles. C'est une majorité de bombes volcaniques entières ou brisées que l'on traverse (Photo 22). Certaines avoisinent la tonne. Le sol, comme depuis 10 km est constitué de lapilli. En y regardant de plus près on distingue de plus en plus de dunites au sol, dont certaines atteignent des tailles respectables (Photo 23). D'autres dunitesLa dunite est une péridotite constituée de 90 % ou plus d'olivine, les autres types étant constitués de 40 à 90 % d'olivine et d'autres minéraux ferromagnésiens. sont encore incrustées dans les bombes elles-mêmes. Rejoindre le sentier et filer vers le sud. Le quitter pour se rapprocher du rempart qui délimite Grand Pays en prenant bien soin de marcher le plus possible sur le sable pour éviter les coulées ou les gratons. Sans trop chercher, on tombe sur l'arche naturelle formée par un effondrement des laves (Photo 24). Il est facile de grimper dessus, mais éviter de se balader en-dessous sur les sables glissants qui finissent leur course dans le vide. Poursuivre le long de la cassure puis rejoindre le canyon formé par la naissance de la Ravine de Grand Sable, difficile à rejoindre par la rive gauche (Photo 25). C'est précisément de cette rive gauche que l'on a les meilleures vues sur les cascades de lave issues du Chisny (Photo 26). Rejoindre le large lit de la Ravine de Grand Sable et remonter en visant le Piton Chisny. On rejoint très facilement les premières taches colorées de rouge, ocre ou jaune, si caractéristiques de la Plaine des Sables. Lors de l'éruption du Chisny, les gaz brûlants provenant de fissures, mêlés à de la vapeur, ont traversé les roches (activité fumerollienne) et les ont détruites en leur donnant ces couleurs chaudes (Photo 27). Se promener à l'envie sur ces terres de couleur puis rejoindre le parking de départ en traversant ou en contournant les affleurements de lave qui dépassent du sable (Photo 28).

Balises

Pas de balisage

Profil

Plan de l'itinéraire

Site géologique  Sites géologiques, en partenariat avec Laurent Michon, laboratoire Géosciences Réunion.

Itinéraire

A partir de Bourg Murat, emprunter la route du volcan et rouler jusqu'au Pas des Sables - Descendre les lacets et stationner aussitôt après la partie goudronnée - Entamer la boucle en partant vers le Plateau des Basaltes - Afin de voir tout ce qui est proposé sur la fiche, suivre au plus près la trace fournie puis revenir au point de départ.


Commentaires sur cette randonnée (4)

Vous devez être connecté pour ajouter un commentaire.
Walking Dog 974, 01/07/2025 16:22
Randonnée complétée le 17/06/2025 en 5h30

@ Christian L : bravo à toi pour ta motivation et merci.

Christian L, 01/07/2025 15:59

@Walking Dog 974 ...Que dire de plus après tes commentaires qui reflètent totalement mes impressions ! Rien si ce n'est bravo !

Walking Dog 974, 27/06/2025 15:59
Randonnée complétée le 17/06/2025 en 5h30

Petite annonce :j'ai perdu un gant noir lors de cette sortie.
Je pense l'avoir perdu entre le Piton Chisny et l'arche naturelle .
Donc si un randopitonneur pratique cette boucle et tombe sur ce gant, merci de me contacter.

Walking Dog 974, 26/06/2025 13:13
Randonnée complétée le 17/06/2025 en 5h30

LA PLAINE DES SABLES et DES SAVOIRS
Bonjour, Jean-Paul, Christian et moi-même avons réalisé cette très belle sortie à la Plaine des Sables. Merci à eux.

C’est vraiment un parcours pédagogique fertile en curiosités géologiques, pour peu qu’on s’intéresse au sujet et qu’on ne se cantonne pas seulement à la marche.

On peut s’interroger par exemple sur la formation de certains reliefs, tel que le Plateau des Basaltes, les « gendarmes » du Piton Chisny ou plus petit encore les dunites chargées d’olivine...ce jour-là nous avons eu la chance d’avoir en Jean-Paul un bon professeur qui nous a fait profiter de ses connaissances.


Mention spéciale pour la Griffe du Diable, site par lequel j’étais déjà passé à 2 reprises autrefois sans jamais avoir vu cette « griffe » depuis le sentier ou le panneau de l’ ONF qui la mentionne...en réalité, ce n’est qu’en quittant le sentier et en remontant le Demi-Piton qu’on distingue très bien ces profondes entailles rocheuses semblant faites par une main géante à 4 doigts…la main brûlante du diable qui s’est abattue sur la terre !

Là j’ai mieux saisi le nom de ce lieu ! Merci Jean-Paul !

Nous n’avons pas eu le temps de nous ennuyer tant il y avait à voir : les roches et autres cristaux de glace matinale fixaient nos regards au sol et se disputaient notre attention à tous les reliefs, ravines, buttes et paysages alentour qui eux évoquaient les grands espaces et nous appelaient à aller plus loin, plus vite, à la découverte d’autres merveilles…

Des ravines sèches aux terres ocres, des cratères aux petites grottes en passant par diverses laves, nous eûmes l’impression de nous trouver tantôt dans l’Ouest américain, tantôt sur la Lune. Superbement étonnant.

La Plaine des Sables sera toujours une merveille de dépaysement pour moi.

Cerise sur le gâteau déjà conséquent, cette solide arche trapue trouvée un peu avant la fin de la boucle, tout droit sortie de l’ère antédiluvienne ou d’un conte de dragons chinois.
Elle vaut le déplacement. Mais prudence.
Les photos ne le montrent pas bien, mais il est plus sûr d’aborder cette arche par les côtés que de face, car c’est un sol sableux et bien pentu qui précède la porte (le trou) de l’arche et le traverse pour finir dans le vide.
Attention à la glissade/roulade fatale.
Pour moi c’était l’endroit le plus dangereux de cette sortie ; il ne faut pas se précipiter lorsqu’on s’approche de cette belle arche posée en bord de falaise.

Pour finir, nous quittâmes les sables noirs et les roches grises et déchirées dignes du paysage du Mordor (cf « Le Seigneur des Anneaux ») pour fouler les magnifiques scories rouges de la plaine que j’avais aperçues il y a peu, depuis le Morne Langevin (randonnée 1628).

Nouvelle explication de Jean-Paul sur la formation de ces scories, entre hautes températures et explosions..
La naissance de la Plaine des Sables ne s’est pas faite dans la douceur et les chants des oiseaux, dirait-on !

Conclusion : une belle et riche boucle de 5h30 ( mais on ne voit pas le temps passer), peu énergivore, faite pour l’étude de la géologie volcanique.
Intéressante pour des étudiants, une sortie scolaire faite partiellement ou même des chercheurs...


Pour les canirandonneurs : cette randonnée est déconseillée.

Certes ce n’est pas l’enclos Fouquet et le Dolomieu, mais la présence de diverses roches et sables volcaniques finit par irriter les coussinets de nos amis à 4 pattes, comme j’ai pu le constater un jour au Pas des Sables.

Oui, Christian a en emmené ses chiens mais ce sont des « guerriers » , notamment le fameux Bilimbi habitué aux randonnées particulières et rudes pour les pattes...sinon, il reste les bottines pour les chiens habitués à cette protection plantaire.

Un grand merci à Jean-Paul pour la proposition et les explications tout au long de cette belle marche.

Randonnée ajoutée le : 26/06/2025